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Histoire de la Commune

Saint Thomas

Saint Thomas la chaussée

 

Pourquoi parler de cette commune aujourd’hui disparue ?

 

Tout simplement parce qu’elle eut une histoire tout aussi intéressante que les autres.

 

Nommée LUCASERTA jusqu’au 13 ème siècle, ce village prit alors le patronyme de son église: ST THOMAS et on ajouta “la chaussée” du fait du passage sur son territoire de l’ancienne voie romaine menant de ROTOMAGUS(Rouen) à JULIOBONA (Lillebonne) .

Sa population était alors de 200 habitants.

Cette paroisse faisait alors partie du doyenné de St Georges de Boscherville et du baillage de Rouen.

St Thomas la chaussée possédait son manoir seigneurial, construit en 1353 par le seigneur de Melmont et sa femme Jeanne, ainsi qu’une chapelle dédiée à Ntre Dame .Une cloche provenant de cette chapelle se trouve maintenant dans l’église de la Vaupalière.

Les seigneurs de Mellemont avaient droit de passage et de pâtures dans la forêt de Roumare: ils pouvaient y envoyer 12 bêtes aumailles et 15 porcs.

 

 

 

 

L’église de ST THOMAS, qui fut la cause de la disparition de la commune, était située à l’intersection de l’actuelle route de Rouen et du chemin de l’Ouraille. Des familles nobles ou aisées y avaient droit de sépulcre.

Mais qui sait, aujourd’hui ,alors que des constructions nouvelles occupent le terrain, que reposaient à cet endroit les sieurs de Mellemont ,écuyers, seigneurspatrons de ST THOMAS qui avaient fait construire un caveau en 1651 ?

Y reposaient également les curés ,messires Jean Mahé ,disparu en 1662 et Jacques de Maroquesne en 1693,ainsi que noble homme Jean de Champourçin, principal écuyer et mousquetaire du roi Louis 14, et d’autres encore.

S’ y trouvaient réunis, Jacqueline du Courtil, qui mourut le 28 novembre 1665 agée de Presque 100 ans et les victimes de la terrible épidémie qui frappa St Thomas en 1694

 

Avant la révolution ,la population était composée de

_ nombreuses fileuses de coton (,chaque demeure possédait son rouet ,

 

Un bon fileur gagnait 25 sous /jour

Sa femme entre 8 et 15, ses enfants de 4 à 5 sous.)

 

Nombres de journaliers travaillaient dans les fermes ou étaient bûcherons dans la forêt de Roumare; pour eux l’hiver était la saison la plus dure .

 

D’autres, étaient laboureurs ou cultivateurs, certains étaient fermiers locataires ou parfois propriétaires , c’était le cas du 1er maire de ST THOMAS.

De nombreux domestiques étaient employés dans les grandes fermes ou propriétés .

 

En 1786, un traité de commerce fut signé avec l’Angleterre, qui avait déjà amorcé sa révolution industrielle; elle inonda le marché français de de ses produits textiles; de nombreuses machines furent importées et équipèrent les manufactures, comme à Darnétal.

Les fileuses de coton n’avaient plus de travail ,l’appoint que représentait leurs salaires, disparut; ce fut la misère.

L’été 1788 fut pourri, l’hiver très rude.

Le prix du pain doubla en quelques mois alors que les salaires baissaient.

Le chômage s’accrut, des mendiants envahirent la campagne, et de nombreux enfants furent abandonnés , exposés dans les rues.

 

 

En 1788, la situation économique de la France était désastreuse, les caisses de l’état vides

Les privilégiés refusèrent l’abollition des privileges et allèrent jusqu’à rétablir les droits seigneuriaux tombés en désuétude.

LOUIS 16 se résolu à convoquer les états généraux qui n’avaient pas été réunis depuis 1614.

 

Les cahiers de doléances de ST THOMAS furent retrouvés:

les habitants réclamaient la suppression de la GABELLE

la réduction de d’autres impots

,l’abollition des droits seigneuriaux et des privilèges ,ainsi que l’abollition des droits de garenne et de colombier.

L interdiction d’importer des machines mécaniques, responsables de la misère des pauvres, y fut énoncée .

La spéculation sur le prix du grain fut également dénoncée.

On y réclamait aussi l’unification des poids et mesures ainsi que celle du droit civil et commercial.

Enfin le traité de commerce avec l’Angleterre y était dénoncé.

 

L’abollition des droits féodaux fut votée le 4 aout 1789 :les rentes et impôts provenant de ce système disparurent au profit d’un nouveau système fiscal auquel furent soumis les ex privilégiés.

Le 22 décembre 1789 , l’Assemblée Nationale abolit le régime administrative et le découpage du territoire, de l’ancien régime (diocèses, doyennés, paroisses, parlements, baillages,justice administrative. Le royaume fut redécoupé en départements, districts ,cantons et communes.

Seuls, les riches pouvaient exercer un mandat politique

Le 1er maire de ST THOMAS LA CHAUSSEE , et son successeur étaient de riches fermiers

 

Le 2 novembre 1789 ,l’état décida la confiscation des biens du clergé.

Les prêtres devinrent des fonctionnaires rétribués par l’état puisqu’ils perdaient leurs ressources.

La forêt de Roumare fut le refuge des prêtres réfractaires en fuite et poursuivis par les autorités révolutionnaires.

Ils devaient prêter serment de fidélité au roi ,à la nation ,et à la loi.

L’abbé Peligny de ST Thomas, les abbés d’Anfernet et Mutel de Roumare refusèrent de prêter serment à la constitution.

Le 9 mai 1791 ,Ils furent remplacés par de nouveaux prêtres constitutionnels:

l’abbé Millet à St Thomas et l’abbé Laisné à Roumare .

Ce dernier resta curé à Roumare jusqu’en 1793, il ne se servit pas de son ministère pour faire passer la propagande du régime en place.

Ce ne fut pas le cas à St Thomas ou l‘abbé Millet ,se comporta en fonctionnaire de l’état.:

Les décrets de l’assemblée y étaient lus en chaire, l’église de St Thomas devint un lieu de manifestations patriotiques et laiques.

On y aurait même célébrer le culte de raison et les gardes nationaux y auraient tenu des réunions.

La distinction entre l’église et la mairie ne fut pas respectée, et prêta à confusions lorsqu’elle devint un local pour les élections municipales.

Enfin, à Roumare comme à St Thomas ,on décrocha les 2/3 des cloches pour les livrer au bureau des contributions à Rouen, ou elles furent fondues et transformées en canon.

Les objets de culte furent également livrés pour être fondus en pièces de monnaie.

Le 10 aout 1792, c’est l’insurrection

La fuite du roi à Varenne; la défaite des troupes austros prussiennes à Valmy imposèrent la solution républicaine ,c’est à dire la fin de la royauté.

La commune de St Thomas envoya à la con vention un message de félicitations ,et alla dans tous les hameaux annoncer la proclamation

de la république.

Un arbre de la liberté fut planté sur la place de la mairie; des parades de gardes nationaux furent organisées, et on brûla les derniers titres de noblesses de St Thomas.

 

L’abbé d’Anfernet, continuant à dire des messes dans le pays de caux,

ou il vivait clandestinement, fut capturé, jugé et executé sur la place du Vieux Marché à Rouen le 7 septembre 1794.

L’abbé Peligny, lui, revenu du bagne ,devint curé de Roumare en 1797.

 

La paroisse de St Thomas a vu se succéder les siècles mais la commune n’aura qu’une durée éphémère

Son église en ruines, fut le prétexte invoqué pour supprimer son titre.

Par ordonnance royale du 24 septembre 1814 , Louis 18 prescrit le rattachement de St Thomas à la commune de Roumare faisant de celle ci ,une commune très étendue.

8 juillet 1829 ,après une petition des habitants au préfet de Seine Inférieure, les hameaux de l’Ouraille ,du Vert Galant, du Hardy Hal et de l’Orme seront détaches de Roumare et rattachés à la Vaupalière

 

Plusieurs personnalités habitèrent ST THOMAS

Un célèbre jardinier, Jacques VARIN, directeur en 1740 et pour 32 ans du Jardin des Plantes, a donné son nom à une variété de lilas et à une rue de Rouen.

_J ACQUES VINCENT, fut maire en 1792 et admistrateur au tribunal de Rouen

_la même année ,le curé GILBERT PELIGNY fut déporté en Angleterre

ainsi que son vicaire ,parce qu’il refusaient de se plier à la Constitution.

ST THOMAS fournit son contingent de conscrits aux armées de Napoléon : JB Morin ,tirailleur, meurt à Maastricht en 1810;

François Jourdain ,grenadier, décède à l’hotel Dieu de Paris en 1814.

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 01/12/2021